Mayflower, Oceanus et Peregrine : l’IA sur les sept mers.

Le premier navire piloté par l’IA pour traverser l’Atlantique Nord de Plymouth, en Angleterre, à Halifax, au Canada, n’était que le début. Actuellement, le navire autonome Mayflower Autonomous Ship (MAS) est en cours d’optimisation dans le Massachusetts avant de servir à d’autres projets scientifiques. En plus de cela, la flotte commandée par l’IA s’agrandira : la construction d’un navire plus grand et six plus petits bateaux autonomes débutera prochainement.

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Herbert Keller
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En juin de l’année dernière, le MAS, trimaran solaire d’une longueur de 15 mètres et doté de la technologie informatique cognitive d’IBM, a traversé l’Atlantique Nord sans équipage en 40 jours (y compris une escale aux Açores)[i]. En l’occurrence, la commande intelligente a traité les informations de 50 capteurs et de six caméras embarquées. La propulsion du nouveau Mayflower se faisait par un moteur électrique fonctionnant à l’énergie solaire issue de panneaux photovoltaïques et complétée par un générateur diesel en cas de besoin[ii].

 

Un navire hybride avec une autonomie de plus de 5’000 milles

Selon Brett Phaneuf, chef de projet, le voyage sans équipage à travers l’Atlantique aurait permis d’apprendre beaucoup de choses. Propriétaire des entreprises qui ont construit le Mayflower, il occupe également la fonction de directeur général de ProMare, organisation de recherche marine à but non lucratif qui exploite le bateau et qui gère le projet. Les expériences acquises sont maintenant en train d’être transposées : le Mayflower se trouve en cale sèche à l’Institut océanographique de Woods Hole dans le Massachusetts pour être réaménagé[iii]. Actuellement, différents nouveaux systèmes sont en cours d’installation, par exemple de nouveaux générateurs jumeaux, ainsi que de nouveaux systèmes informatiques et de nouvelles batteries plus efficaces qui augmentent l’autonomie et améliorent la performance du navire. « Nous avons profité de l’occasion pour remplacer tout ce qui nécessitait une mise au point. Maintenant, nous disposons d’un système sophistiqué, très efficace et hautement redondant qui devrait fournir des performances encore meilleures. Nous partons du principe que l’autonomie du bateau s’élève désormais à 5’000 milles ou plus », explique Brett Phaneuf. Les deux générateurs sont des groupes électrogènes diesel ; le Mayflower fonctionne donc comme une voiture hybride : les cellules solaires travaillent et rechargent les batteries, qui fournissent alors l’intégralité de l’énergie nécessaire aux moteurs et à tous les systèmes. En cas de besoin, l’un ou les deux générateurs interviennent pour recharger les batteries.

 

Un programme de recherche complet pour le Mayflower révisé

Au cours des prochaines semaines, le MAS larguera les amarres pour apporter sa contribution au projet Ocean Twilight. En effet, Woods Hole exploite une installation sur le fond marin à plusieurs centaines de kilomètres au large des côtes, au bord du Gulf Stream, orientée vers le haut et dotée d’un dispositif sophistiqué de sonars pour étudier la migration verticale du zooplancton et du phytoplancton, ainsi que la biomasse. Le but est d’analyser ce qui se passe dans les tourbillons chauds qui partent du Gulf Stream et qui contiennent beaucoup de vie. Le MAS naviguera dans la même zone maritime, mais avec le regard orienté vers le bas, c’est-à-dire vers le fond de la mer. Étant donné que le Mayflower est mobile, il sera capable de réagir dynamiquement aux changements et de suivre les données intéressantes. Après un voyage dans le Nord, le Mayflower reviendra pour effectuer d’autres travaux de mensuration et de recherche avec Woods Hole et pour y passer l’hiver. Pour l’année prochaine, le planning du bateau affiche également complet : au printemps, le MAS fera le tour des Bermudes avant d’amarrer à Norfolk en Virginie, où il effectuera divers travaux acoustiques et des recherches fondamentales relatives à l’état des océans. IBM est un partenaire technologique et scientifique de premier plan. Marine AI Ltd[iv] a développé l’intelligence artificielle cognitive qui fonctionne sur la base du puissant Operational Decision Manager (ODM) d’IBM – un logiciel sur lequel de nombreuses entreprises s’appuient pour prendre des décisions au quotidien. Enfin, Iridium soutient le projet avec la communication par satellite[v].

 

Plus de bateaux autonomes pour la science

Les technologies innovantes associées à l’intelligence artificielle sont utilisées sur un nombre croissant de navires. Selon Brett Phaneuf, il s’agirait de réduire les coûts de la collecte de données et de la production d’informations relatives aux océans – et ce serait exactement ce qui distingue le Mayflower. Après la révision, elle serait non seulement plus efficace et plus silencieuse que jamais, mais également en mesure de transporter une plus grande charge utile scientifique qu’avant. « Le but est d’avoir un moyen sûr pour se rendre sur la mer de manière rentable et pour collecter de grandes quantités de données qui, autrement, seraient impossibles ou, au mieux, extrêmement coûteuses à obtenir », explique-t-il.

C’est pourquoi il y aura bientôt un deuxième navire autonome destiné à la recherche marine. En effet, un projet pour un navire de 24 mètres appelé Oceanus serait actuellement en cours, comme le révèle Brett Phaneuf. Ce bateau, qui est développé en collaboration avec le Plymouth Marine Laboratory et d’autres partenaires, devrait être mis à l’eau en 2025. Avec une autonomie d’environ 12’000 milles marins, il servira à opérer en mer en permanence. Il est ainsi prévu qu’Oceanus parte de Plymouth, au Royaume-Uni, pour naviguer jusqu’aux océans du sud et aux Îles Malouines avant de retourner, dans le but de collecter des données scientifiques relatives à l’océan et de poser des capteurs en cours de route.
Mais la flotte autonome s’agrandira encore plus : la construction de six bateaux de la classe Peregrine, longs de 12 mètres et spécialement conçus pour la collaboration et la coopération entre eux et avec d’autres navires dans le cadre de la recherche marine, débutera cet automne déjà. Ils devraient être lancés à la fin du printemps de l’année prochaine. Tous ces bateaux seront construits à Plymouth, en Angleterre, par MSubs Ltd[vi].

Maintenant, nous disposons d’un système sophistiqué, très efficace et hautement redondant qui devrait fournir des performances encore meilleures. Nous partons du principe que l’autonomie du Mayflower s’élève désormais à 5’000 milles ou plus.

Brett Phaneuf, directeur général ProMare


Plans pour le nouvel Oceanus
Plans pour le nouvel Oceanus

L’IA dans la navigation : remplacera-t-elle l’être humain ?

Comment se présente, sur les sept mers, le modèle économique basé sur l’IA ? Selon Brett Phaneuf, le plus grand investisseur dans ce domaine technologique serait probablement le secteur militaire. Dans le secteur commercial, par contre, aucune évolution claire ne se désignerait. Les grands cargos, tels que les porte-conteneurs, seraient déjà équipés de systèmes hautement automatisés qui effectuent des analyses de données en dehors du navire et qui fonctionnent avec des technologies intéressantes basées sur l’apprentissage automatique, ainsi que spécialisées dans le routage météorologique et dans l’optimisation pour réduire la consommation de carburant. En revanche, les avantages découlant de la suppression de l’équipage par rapport au coût total du navire ne seraient pas pertinents. « Nous verrons plutôt l’intégration de systèmes autonomes ultrasophistiqués ou similaires à l’IA dans les bateaux de plaisance pour aider les marins inexpérimentés à naviguer de manière plus sûre. » Petit à petit, il existerait de nombreuses technologies qui aident à maintenir une meilleure conscience situationnelle et qui sont actuellement intégrées dans les équipements de pont par les grands fabricants d’électronique marine. Brett Phaneuf ne pense pas qu’il y aura un changement radical à cet égard dans les 10 prochaines années : « Nous avançons lentement vers une approche hybride ».

 

Technologies de pointe

Le navire autonome Mayflower et ses successeurs sont des acquis technologiques porteurs d’avenir. Ils atteignent leur destination grâce au soutien de diverses entreprises technologiques majeures, dont la plus importante est IBM. UMB est le premier et le plus grand IBM Platinum Business Partner en Suisse, spécialisé dans les infrastructures, les logiciels et les solutions, en particulier dans le domaine de la sécurité. UMB est le seul partenaire IBM en Suisse avec le statut Elite Speciality pour IBM Power et IBM Storage. Notre savoir-faire supérieur à la moyenne, aussi bien en ce qui concerne le matériel IBM qu’en matière des logiciels et des services, est garant d’une excellente collaboration. Prenez contact avec nous pour de plus amples informations.

 

[i] The Mayflower Autonomous Ship Has Reached North America

[ii]Soleil, mer et intelligence artificielle: le Mayflower (re)prend la mer

[iii]Woods Hole Oceanographic Institution

[iv]Marine AI

[v]Iridium Satellite Communications

[vi]MSubs

 

D’où viennent les noms des navires ?

En 1620, deux femmes enceintes se trouvaient parmi les passagers du Mayflower. L’une donna naissance à un garçon à mi-chemin de la traversée de l’Atlantique vers le Nouveau Monde et l’appela Oceanus. La deuxième femme mit son garçon au monde dans le port de Plymouth et l’appela Peregrine[i]. Peregrine White fut connu comme le « premier-né de Nouvelle-Angleterre » et devint plus tard un célèbre agriculteur et officier militaire. Bien qu’il soit difficile de donner une estimation précise, on peut supposer que, compte tenu du nombre de générations qui suivirent la naissance de Peregrine White en 1620 et des possibles ramifications de sa lignée familiale, il y ait des milliers, voire des dizaines de milliers de descendants de Peregrine White vivant aujourd’hui aux États-Unis. Quant à Oceanus, il est décédé tragiquement à l’âge de deux ans déjà[BL1] .

 

[i]Children of the Mayflower